Je pars pour le département de Brasov. En réalité, le voyage s’étend aux départements de Harghita et Covasna.
Cette fois-ci pas de bêtises, en me levant et partant très tôt, je suis passé la vallée de Prahova sans encombre. Quel plaisir de pouvoir profiter d’une journée de plus lors d’un petit week-end. Je vous le conseille, partez tôt.
Mon premier détour après avoir passé Brasov, (hé oui c’est venu tôt !) s’est dirigé vers le petit village de Racos. Quelle nostalgie de retrouver l’une des places où j’avais campé avec Pierre, il y a 8 mois déjà..
Toujours est-il qu’aujourd’hui ce n’est pas de loin que l’on côtoie le village, mais bien devant son château lui-même.
Il est aussi appelé aussi le château Bethlen, du fait qu’il a été construit en 1624 pour le prince Gabriel Bethlen. Celui-ci tient encore debout malgré son histoire, mais reste néanmoins assez décrépit. C’est le tremblement de terre de 1977 qui a fait le plus de dommages.
Ensuite, j’ai continué vers la carrière de Racos, située un peu en extérieur du village, elle est facilement trouvable grâce aux panneaux. Il vous faudra quitter la route à un moment pour emprunter un chemin gravillonné. On trouve là-bas de magnifiques colonnes de basalte atteignant parfois jusqu’à 15 mètres. Plus haut (visez les colonnes téléphoniques) se trouve un lieu bien étrange. On se croirait sur Mars s’il n’y avait pas les arbres.
Je croise les églises fortifiées de Homorod et Cata. Malheureusement, comme toutes, celles-ci sont fermées au public.
L’église de Cata a été construite en premier lieu en 1250, puis fortifiée au XV siècle. Fait très amusant, il y a un nid de cigogne sur l’une des tours.
L’église de Homorod est la plus impressionnante que j’ai pu voir jusqu’à maintenant. Elle est en très bon état et domine de ses nombreuses tours aux tailles variées. Plus que cela, elle possède deux murs de protection. Sans entrer à l’intérieur de l’enceinte, je suppose quand même que celle-ci ne doit pas offrir trop d’espace aux occupants tant il y a de murs à l’intérieur. L’église a été construite au XIII et fortifiée au XV puis XVI siècles.
Dans la région de Brasov, vous aurez un drôle de sentiment. Alors que vous vous rapprochez peu à peu des villages, vous apercevrez ces petites fortifications qui vous renvoie à une époque révolue et qui a pourtant gardée de son panache. C’est ce qui fait la beauté de la Roumanie, d’avoir pu rester un temps soit peu dans le passé, calme et authentique.
Je pars ensuite vers Rupea, qui se trouve à environ 1h de Brasov. La citadelle se repère à des kilomètres, elle me titillait depuis bien longtemps, posée là sur sa colline à donner en spectacle sa beauté nouvelle. En effet, elle a la chance d’avoir été remise en état et pour cause, elle est construite sur un site archéologique datant au début de 5500 à 3500 avant JC.
Elle a bien évolué après cela. Appartenant aux Daces, elle a ensuite été assaillie par les romains qui l’ont nommés Rumidava Rupes (Rupes = pierre, roc) car la citadelle est construite sur du basalte massif. Vous comprenez pourquoi la ville s’appelle Rupea, nom qui a su traverser les âges.
À partir de là, elle s’est bâtie petit à petit, s’est renforcée de murailles au fil des siècles, s’est vu changer de propriétaires. D’une certaine manière elle est la symbolique de son pays, brodée des cultures les plus variées.
La visite coûte 10 lei, comprenant l’accès au parking, au monument, à la vue sur la vallée, et chose que j’apprécie beaucoup, à une brochure narrant l’histoire de l’édifice.
J’ai ensuite descendu dans la ville au restaurant « Casa del Gusto ». De jolies décorations, une cheminée pour réchauffer l’âme, quoi de mieux ? Les plats et le service sont corrects, mais assez simplistes. Mais bon, ça dépanne bien quand on est affamé !
Après m’être diverti les yeux et l’estomac, je me suis dit qu’il était temps d’aller retrouver ma chambre, 1h de route en tout. Je ne saurais vous conseiller de passer par Hoghiz puis Maierus, dont la route est en bien meilleur état et sans réelle perte de temps. Moi, j’ai pris la route 132 en passant par Homorod, Jimbor et Varghis. C’est entre Jimbor et Satu Nou que vous aurez la route disgracieuse d’environ 2 à 3 km de trous, la pire de Roumanie, mais très belle.
Talisoara est une ville agréable avec beaucoup de larges maisons. J’arrive à Castelul Daniel, qui se trouve en réalité être un très grand manoir à la frontière du département de Brasov. C’est une grande opportunité d’allier pension et monument historique. Il est le résultat d’un pari fou qu’a réalisé un couple qui n’avait pourtant aucune compétence en hôtellerie ni même dans la restauration de monuments historiques. Ce qui n’est pas une mince affaire. 100.000 euros de dépense plus des aides de l’état (en tout 400.000 €), ceci avec l’obligation de respecter des règles de conservation du patrimoine. Mais le rendu est d’ampleur !
Vous pénétrez tout d’abord dans l’enceinte. Pas de grande muraille, un jardin simple mais bien entretenu, des petits chemins de graviers et œuvres artistiques modernes faites de bois. Au fond, un second bâtiment qui sera rénové, à l’avenir, lui aussi. Ensuite, entrée dans le château. Une multitude de portes ouvrent une multitude de pièces avec pour chacune leurs particularités ; les meubles sont différents, les poutres sont différentes, les baignoires, les lits, les couleurs, les tableaux… Certaines chambres possèdent même des fresques datant du XVII ème ! Un choix personnalisé donc, que vous pourrez aussi visiter durant la visite guidée du manoir.
Ma chambre est l’une des plus simples, et pourtant ! Meubles en bois massifs, superbe lit avec sommier en bois sombre et excellents matelas et oreillers, moelleux à souhait. La chambre comme la salle de bain est spacieuse. Vous apprécierez la baignoire, n’hésitez pas à rajouter des bougies un peu partout.
Enfin, la salle à manger. Très bourgeoise avec de petites étagères remplies de bons vieux livres, une cheminée, des lumières douces et de la musique classique en fond. Le serveur est agréable et attentif, le calme règne.. Les plats sont délicieux, surtout les soupes.
Après une bonne nuit de sommeil, je suis allé essayer les chevaux qui sont mentionnés sur le site web. Je vous déconseille d’y aller, je n’ai pas eu une bonne expérience.
Dans les faits, l’homme qui m’a accueilli était très gentil. Mais les chevaux semblaient nerveux, étranges. Je suis monté sans casques et devions partir sans guide dans la forêt alors que c’était ma première fois. Les chevaux ne voulaient pas partir et après 200 mètres, le mien a décidé de rentrer au bercail, au galop, avec moi dessus ! Quelle expérience ! Je n’ai rien pu faire et à vrai dire, rien voulu, sinon m’accrocher au maximum et préparer la chute… Mais celle-ci ne s’est pas produite, fort heureusement. Le cheval est rentré comme une balle dans l’étable et m’a laissé descendre, trop concentré à manger. Hormis le fait que j’ai failli mourir, ça a été une très bonne expérience.
Je suis ensuite parti pour les gorges de Varghis (Cheile Varghisului). Au passage, j’ai croisé dans la ville un second manoir qui appartiendrait aussi à la famille Daniel, mais qui ne semble pas visitable. La route dans les gorges est neuve, ils en ont de la chance, les habitants, perdus là-bas dans cet univers de collines, rocs, rivières, forêts et champs. La route se finit par un chemin beaucoup moins agréable que je prendrais un jour, je l’espère, en 4×4…
Le lendemain, je rentre en repassant à Jimbor. En effet, j’avais repéré une citadelle sur la colline qui domine la ville. Pour y accéder, garez-vous à l’église et trouvez la montée qui continue plus loin en simple chemin naturel. La citadelle est vieille, mais reste debout. De là-haut, la vue est splendide, lumineuse et large… Une belle fin pour ce voyage dans le département de Brasov.