Périple en Prahova – Roumanie

prahova

Je vous présente ci-dessous l’histoire de mon périple en Prahova, plus précisément dans une vallée des Carpates. Cette aventure fut l’une des plus grandes de ma vie et je veux vous la présenter dans cet article.

Mon père me dépose sur la route entre Ploiesti et Brasov, aux environs de Posada, dans le département de Prahova. A vrai dire, j’adore être débarqué comme ça, nul part, sans prédispositions au trekking, dans la quête d’une quelconque intuition de direction. La route est dangereuse, sans trottoirs, et les voitures passent à vive allure. Ne trouvant pas de chemin de randonné, je décide de couper à travers bois, là où une rivière débouche dans le petit village.

La pente est raide (70 à 80%), le sol friable, avec beaucoup de pierres calcaires, et la forêt très fermée m’empêche de me repérer, je sais seulement qu’il faut grimper. Je traverse quelques anciens chantiers d’exploitation ou la régénération se fait. La forêt est composée de hêtres, épicéas et quelques chênes ou pins sylvestre. Ils me permettent de me protéger de la chaleur du soleil. Je trouve un énorme champignon amadouvier mais dans le ruisseau malheureusement, si j’en trouve un sec, je le garderai avec moi, utile pour allumer un feu.

Sorti de la forêt, je n’ai pas encore atteint le sommet, et malgré cela la vue est déjà magnifique, néanmoins je veux grimper, ne plus être dérangé par les arbres pour voir au plus loin le corps de cette part des Carpates, les Carpates de Prahova. Je n’ai toujours pas trouvé de sentiers.

Après 2 heures de montée je peux enfin contempler Secaria, un village aux maisons éparses avec des bocages. Les troupeaux de vaches, chevaux et moutons se font entendre puis voir. Etrange de trouver la vie quand on croit s’en écarter néanmoins elle ne nuit pas à mon plaisir, elle le rend plus authentique.

Je continue l’ascension, toujours à la quête du mont le plus haut, ici certains n’ont pas leur place et je laisse derrière moi chênes et hêtres. Pour trouver pins sylvestres et mélèze d’Europe, ranger là dans leurs parcs par installation artificielle. Le chemin est de très bonne qualité et praticable par des véhicules surélevés. J’ai pu d’ailleurs en voir quelques uns remonter la piste, probablement pour rapporter des vivres aux bergers qui vivent là.

Je veux bivouaquer avec une jolie vue, à l’orée de la forêt pour approvisionner le feu en bois, et pas trop tard (18h). Je quitte donc la route pour suivre la lisière d’un peuplement de mélèzes tordus par le vent. Après avoir croisé une cabane de berger abandonnée, j’installe mon campement; petite tente, petit feu et petit bol de patte. Je décide après un bon repas de continuer sur ma lancée en laissant tout mon matériel derrière, après tout, qui va pouvoir venir me le voler!! perdu dans cet océan de collines, où les fleurs s’agitent au gré du vent; Dame d’onze-heures (Ornithogalum umbellatum), Gentiane de printemps (Gentiana verna) ou encore Renoncule rampante (Ranunculus repens).

Je repère plusieurs chemins pour demain matin, comme j’aime toujours le faire, il faut avoir différents choix selon le temps du lendemain, ou autres imprévus.

Je me couche avec le soleil, les troupeaux et les oiseaux. La nuit est très agitée, à son apogée le matin à 5h, avec de gros orages qui se rapprochent, je quitte la tente car je suis trop près des arbres et risque la foudre et je retourne à la vieille cabane de berger pour boire un café, qui se solde par un échec à cause du bois mouillé..

Je décide de redescendre, à la vue du temps, par le côté le plus court, une pente raide en direction d’une petite cabane, avec l’espoir de trouver un chemin rejoignant la ville.

En arrivant à la cabane, j’y trouve vaches, chevaux… et chiens de berger. Certaines règles sont à respecter lorsque vous vous tenez en face de ces chiens et je l’ai appris à mes dépends, je vous donne d’ailleurs le conseil de vous préparer à cette éventualité avant de vous lancer dans un quelconque voyage en Roumanie. Pour rajouter un peu de piment à cette aventure, je vous raconte, mettez vous à ma place pour vous imprégner de l’action.

Alors que le premier chien de berger arrive, je ne panique pas, je n’ai jamais eu de problème avec les chiens, au contraire ils m’apprécient en général. Celui-ci aboie et c’est normal, il défend son troupeau. Comme je pense le savoir, la meilleure réaction à avoir en face d’un chien est de lui montrer que l’on n’a pas peur, avancer, crier et faire des mouvements, mais c’est bien sans connaitre les chiens de berger qui sont pratiquement insensibles à ces bluffs! Mon chien garde donc sa position, et pire, il continu à avancer vers moi avec ses 4 ou 5 autres confrères qui arrivent par mes flancs. A la vue de ma croyance qui disparait dans les yeux de mon adversaire, je suis désemparé, j’essaie de rester calme et commence à reculer, et la c’est le drame. Les chiens me foncent tous dessus et je n’ai d’autres choix (ai-je pensé) que de prendre mes jambes à mon coup, jeter mon sac et dévaler comme un fou plus de 300m de pente boisée avec une meute de chiens à mes trousses. Après maintes chutes et blessures, après être complètement exténué, les chiens me laissent partir avec seulement mes yeux pour pleurer. Je n’ai pas le choix, il faut que je descende à Sinaia demander de l’aide.

Je marche pendant 1.5h sur un sentier qui semble être fréquenté par d’autres aventuriers (le chemin menant directement au repaire des chiens, ces aventuriers doivent se retrouver bien déçue et je commence à me demander si ce n’est pas un piège! :)) Je réussi finalement à capter l’attention d’une patrouille de policier municipaux et tant bien que mal, je leur explique ma mésaventure et que j’ai besoin de retourner là haut chercher mon sac. Ceci avec mes quelques mots de Roumains et des gestes de mains. L’un d’eux décide alors de m’aider et part avec moi à l’ascension des 2h de montée armé d’une matraque, d’un gaz lacrymogène et de son revolver. Moi, je récupère des gros cailloux et un bâton. Je suis décidé à affronter ces bêtes, je me sens comme un homme de Cro-Magnon qui part chasser la bête qui protège le feu au sommet de la montagne. Le policier a un bon niveau d’anglais et nous arrivons à communiquer sur beaucoup de sujets de discussions durant l’ascension; salaire, famille, relation entre étranger… Le bonhomme est fort sympathique et je tiens à le remercier sur cette article.

Toujours est-il que lorsque l’on arrive en haut, après de lourds efforts j’en conviens, nous essayons de contourner l’endroit ou je me suis fait attaquer pour avoir plus de visibilité. A l’inverse, nous apparaissons hors de la forêt en plein milieu du troupeau de chevaux qui sont surveillés par l’un des chiens. Mon compagnon se retourne d’un air navré, il va falloir lutter. En voyant tout les chiens arriver à grande vitesse, il n’y a plus d’hésitation, il faut lutter. Aider de ce géant de 2 mètres qui en impose, nous jetons des cailloux et poussons des cris. Surpris, les chiens ploient sous les projectiles et nous laissent le temps d’appeler le berger pour que celui-ci contrôle la meute.

Au final, nous sommes invités à la cabane pour manger du fromage avec sympathie. Les bergers n’ont rien touché de mon sac et je les en remercie. Nous mettons 2h à redescendre, j’invite le policier à manger et après un repas bien mérité dans une auberge, mon compagnon me dépose à la gare de Sinaia ou je prend le train de retour vers Bucarest. Cette aventure me laisse à la fois un souvenir beau et amere de la vallée de Prahova. Néanmoins, j’ai toujours le souhait de retourner dans la montagne, réitérer l’expérience car elle en vaut la peine !

Mihaescu Boenu Mircea, merci 🙂

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